Les défis de la rentrée des collectivités locales

Depuis la rentrée, les collectivités locales doivent relever de nombreux défis.

La hausse des prix

Ne profitant pas du bouclier tarifaire, les collectivités locales prennent de plein fouet la hausse des prix de l’énergie : éclairage urbain, chauffage des bâtiments (administratif, scolaire, sportif, culturel, etc). Plusieurs villes, comme Cabriès (13), Leffrinckoucke (59), Oissel-sur-Seine (76) ont déjà fait le choix de fermer leurs piscines municipales faute de pouvoir chauffer l’eau à un prix raisonnable. Vert Marine, un des principaux opérateurs de piscines municipales, a décidé unilatéralement début septembre de fermer l’ensemble de ses piscines sous délégation de service public, faute de pouvoir répercuter le prix de l’énergie sur le ticket d’entrée.

Les services publics sont également impactés plus ou moins fortement selon leurs dépenses en énergie, c’est le cas par exemple de la gestion de l’eau, de l’assainissement et des déchets. 91 % des collectivités locales annoncent une augmentation des coûts de gestion des déchets : 77 collectivités à plus de 5 % et 49 à plus de 10 % » indique Amorce (association des acteurs locaux de gestion des déchets de l’énergie et de l'eau).

Les collectivités doivent aussi gérer la flambée des prix alimentaires. Si la plupart d’entre-elles ont décidé, pour l’instant, de ne pas augmenter le prix de la restauration scolaire en absorbant la hausse dans leur budget, cette situation pourrait ne pas être tenable dans la durée. Alors que Rennes a prévu une enveloppe prévisionnelle de 250 000 euros pour continuer à ne pas faire peser l’inflation sur les familles ces prochains mois, Caudebec-lès-Elbeuf a décidé de faire des économies en supprimant un des cinq éléments qui composent un repas à la cantine. A Strasbourg, la municipalité a fait le choix de garder le tarif en vigueur pour le premier trimestre, mais a déjà annoncé que ça ne serait pas forcément possible toute l’année.

À ces hausses, s’ajoute l’augmentation du SMIC et la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires. Représentant en moyenne un tiers du budget de fonctionnement, les charges de personnel vont ainsi augmenter significativement sur le deuxième semestre de cette année, affectant à 50% le budget 2022 et à 100% le budget 2023. Le coût du personnel est un élément clé dans les services rendus aux habitants par les collectivités (cantine, crèche, etc). Par exemple, il représente une part importante du prix d’un repas à la cantine puisqu’il correspond aux coûts du personnel de cuisine, mais aussi à celui du personnel de surveillance de la pause méridienne.

Le changement climatique

Sur la première quinzaine d’août, 53 départements ont connu un feu de plus de 10 hectares. Alors que les incendies de cet été ont aussi touché des collectivités locales qui avaient jusqu’à présent été épargnées, l’organisation et le financement des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) fait l’objet d’un débat entre les collectivités et l’État. En effet, les sapeurs-pompiers alertent sur les moyens nécessaires à cette situation exceptionnelle qui devient récurrente. Par exemple, le département de l’Ardèche estime le surcoût lié à la saison des feux de forêt de l’ordre de 1,872 million d’euros en fonctionnement et s’inquiète de devoir l’assumer dans la durée. 
Sachant que 80 % des incendies se déclenchent à moins de 50 mètres des habitations, les élus doivent revoir leur politique d’urbanisation qui prend parfois la forme de prolifération anarchique au contact de la forêt.

Durant cet été, une centaine de communes ont connu une rupture d’eau potable. Pour l’instant, ces ruptures d’alimentation concernent principalement des petites communes, voire des hameaux, souvent en montagne, où les interconnexions sont plus compliquées. Si les précipitations de l’hiver prochain ne permettent pas le bon remplissage des ressources, l’été 2023 pourrait être pire que la situation actuelle. Au-delà des efforts dans leur consommation d’eau (notamment pour l’arrosage des plantes), les collectivités doivent investir massivement dans l’entretien d’un réseau d’eau vieillissant entrainant des fuites représentant 20% de la production.

Si l’assèchement des cours d’eau a empêché la pratique des activités nautiques (canoé, rafting, etc) et le tourisme fluvial, les phénomènes météorologiques extrêmes impactent également l’attractivité touristiques des collectivités. Les incendies des Landes ont détruit cinq campings, coupé l’accès à l’océan et aux lacs.  « Je pense que le triptyque canicule, sécheresse, incendie va affecter l’image des destinations du sud de la France », indique Jean Pinard, responsable du tourisme en Occitanie

La pénurie de main-d’œuvre

La liste des métiers connaissant des postes non pourvus ne cesse de s’allonger et touchent particulièrement les collectivités locales : ATSEM, professionnels de la petite enfance (crèche), maitres-nageurs sauveteurs, sapeurs-pompiers volontaires, conducteurs de bus, policiers municipaux. 

Sachant que depuis plusieurs années, les collectivités locales tentent d’attirer sur leur territoire des professionnels de santé, le terme de « désert médical » étant désormais quasi généralisé sur l’ensemble de la France.