Un modèle de métropolisation dans l’impasse
Depuis une dizaine d’année, la désindustrialisation et l’abandon de l’économie productive a favorisé l’émergence de grandes métropoles française. Elle a conduit à concentrer dans des grandes villes ouvertes sur le monde des cadres supérieurs qui produisent la richesse aux côtés de populations « de passage » (étudiants, touristes, expatriés et immigrés). Et en même temps, elle a repoussé les classes moyennes et les classes populaires en périphérie. Ainsi, les 12 plus grandes métropoles françaises produisent près de deux tiers des richesses sur 5% du territoire alors qu’elles n’abritent que 27 % de la population.
Cette hétérogénéité de l’occupation territoriale créé des problèmes de flux :
- D’abord des flux de personnes. Des populations en province sont trop éloignées des pôles économiques et n’ont pas accès aux transports en commun. La majorité des investissements sont regroupés dans les métropoles et dans les réseaux inter-métropolitains. Ainsi, Paris construit actuellement sa 7e boucle de transports périphériques et la SNCF consacre depuis 25 ans la moitié de ses investissements aux trains de banlieue et aux TGV qui desservent les métropoles.
- Ensuite, des flux de marchandises. Malgré l’essor des fermes urbaines d’impact encore marginal, les villes consomment ce qu’elles ne produisent plus d’où une surpollution par camions aux portes des métropoles, aggravée par le e-commerce.
Ce fossé s’exprime également en politique. La France périphérique qui face à une médecine de deuxième choix, des établissements scolaires en difficulté, et des services publics réduits a été le terreau de la crise des Gilets Jaunes. Inversement, les métropoles ont connu une vague verte sans précédent lors des dernières élections municipales.
Des villes moyennes qui attirent
La crise du Covid a remis en cause deux modèles. D’une part, celui de la densification de grandes villes au détriment des villes moyennes et des campagnes, d’autre part, il a mis en lumière la nécessaire réindustrialisation locale des nombreux produits qui ont manqué pendant la crise (masque, médicament, etc). En parallèle, à la sortie des confinements successifs, les urbains aspirent à changer de cadre : désormais 50 % des habitants des grandes villes « préfèreraient vivre dans une ville moyenne plutôt que dans une grande métropole ». L’ensemble des évolutions devraient entrainer des mouvements de population à prévoir dans les années à venir, dont souhaitent tirer profit les localités entre 20.000 et 100.000 habitants qui ont longtemps pâti de l’attractivité des métropoles.
Des villes moyennes en ordre de marche
Pour être en capacité à accueillir de nouveaux habitants, les villes moyennes travaillent différents axes d’amélioration :
- La desserte en transports collectifs : par exemple, à pour Cahors, la connexion avec la métropole toulousaine, mais aussi avec la future ligne à grande vitesse Paris-Toulouse, sont des passages obligés.
- L’emploi et le développement économique : l’industrialisation se fait désormais dans les villes moyennes : dans les métropoles, le foncier étant trop cher et les infrastructures de transport étant saturées. Les élus locaux sont attendus par les acteurs économiques pour créer des conditions favorables sur leur territoire en termes de recherche de foncier, mais aussi de formation professionnelle.
- Le commerce : les villes moyennes font face à de nombreuses vacances commerciales dans leur centre-ville. Le programme Action Cœur de ville a permis et permet encore de financer des projets de revitalisation des centres-villes : par exemple, à Montbrison, la friche de l’usine de poupées Gégé, fermée depuis 40 ans, va accueillir un projet d’habitat intergénérationnel, avec 67 logements, une crèche, un centre médical.
- L’accès à la culture, à la santé et aux services : L’image de la ville moyenne est très positive aussi bien auprès de ses habitants que de l’ensemble des Français : un territoire qui parvient à allier à leurs yeux les avantages de la grande ville (commerces, service public, innovation) et des plus petites (proximité de la nature, qualité de vie…). C’est ainsi le territoire le plus adapté pour y élever ses enfants.
Sources : https://www.lafabriquedelacite.com/actualites/la-fabrique-de-la-cite-publie-les-resultats-dune-enquete-inedite-sur-les-perceptions-des-villes-moyennes-par-les-francais/
https://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/Barometre-des-Territoires-2021-RapportNational.pdf