« Le maire incarne la stabilité face à l’agitation nationale »

Dans son interview publiée dans La Gazette des Communes le 17/11/2022, le politologue Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS, livre son analyse sur la situation des maires face aux enjeux actuels comme l'inflation, la décentralisation ou encore le "Zéro Artificialisation Nette". Voici quelques extraits.

Des maires animateurs plutôt que bâtisseurs 

"Les maires sont jugés sur leur ­qualité d’animation de leur territoire, leur investissement pour mobiliser les réseaux économiques, sociaux, sociétaux… Les électeurs mesurent aussi leur efficacité en fonction de leur capacité à décrocher des subventions au niveau supérieur : intercommunal, départemental, régional, ­étatique et européen. Ils sont également là pour assurer un cadre de vie. Les électeurs­ recherchent donc davantage aujourd’hui des animateurs que des bâtisseurs."

Les habitants, devenus des utilisateurs de la ville, attendent désormais de leurs élus locaux qu'ils déploient une offre de services publics, mais aussi culturels, sportifs, commerciaux répondant à leur nouvelle manière d'habiter la ville.

L'« éco­logisation » de la vie politique locale

Et cette manière d'habiter la ville est plus apaisée, plus écologique, en opposition avec les grands projets menés par les anciens maires bâtisseurs comme Gérard Collomb à Lyon et Alain Juppé à Bordeaux. 

"ll y a eu aussi, en parallèle, une « éco­logisation » de la vie politique locale".

Mais celle-ci, accentuée par la mise en oeuvre du "zéro artificialisation nette", complique la construction de logement neuf, répondant pourtant à un réel besoin.

"Ces changements ne se font pas sans heurts. Ils provoquent de nouvelles tensions entre le monde rural, les secteurs périurbains et les grandes métropoles".  

Entrée en phase d'austérité

Elus en pleine pandémie, les maires actuels doivent désormais faire face à une inflation touchant l'ensemble des services municipaux (prix de l'énergie, des matériaux, des denrées alimentaires) ainsi qu'une hausse d'indice du salaire des fonctionnaires.

"L’endettement de leur commune et de leur intercommunalité, qui était à l’origine du mandat très maîtrisé, est désormais sous ­tension. Leurs collectivités sont entrées dans une phase d’austérité qui ne dit pas son nom. On constate une baisse du service public, avec des fermetures de piscine et des conditions de travail altérées pour les agents." 

Cela touche également les prix des chantiers, alors même que la réhabilitation énergétique des bâtiments publics est un enjeu majeur pour pallier la hausse de l'énergie.

Un rôle d'assistant social

Malgré les hausses, la plupart des maires ont décidé de ne pas répercuter entièrement le coût sur les familles, notamment les plus modestes. 

"Les maires savent qu’ils sont très attendus en cette période de crise. Ils ont un rôle d’assistant social. C’est vers eux que les associations qui viennent en aide aux plus fragiles se sont tournées pendant la pandémie. Très professionnalisées, leurs politi­ques sociales pallient aujourd’hui ­clairement les manques de l’Etat."

Retrouvez l'intégralité de l'article ici.