Un niveau de méfiance dans les institutions au plus haut

Plus d’un Français sur 3 exprime sa méfiance

 

La confiance dans les institutions est proportionnelle à leur proximité avec les citoyens. Les Français ont avant tout confiance dans leur maire (65%), puis dans une moindre mesure leurs conseillers départementaux et régionaux et leurs députés. Le Président de la République et le Premier ministre arrivent ensuite avec respectivement 38% et 36%.

Au niveau de l’information, un phénomène inquiétant se confirme, à l’ère des « fakenews » : les Français font presque autant confiance aux réseaux sociaux (22% +5 points) qu’aux médias (29%). 

 

Cette évolution est parallèle avec celle du sentiment d’appartenance à « une communauté de personnes qui parlent la même langue ou qui ont les mêmes origines géographiques ». Ainsi désormais une majorité de citoyens considèrent la France comme « un ensemble de communautés qui cohabitent les unes avec les autres », plutôt qu’une « nation assez unie malgré ses différences ».

 

4 Français sur 10 jugent que les hommes politiques n’essaient pas de tenir leurs promesses

Alors qu’un regain d’intérêt porté à la politique est observé, les Français considèrent majoritairement (59%) que la démocratie ne fonctionne pas bien, que les élus ne les représentent plus.

En effet, plus de 3 Français sur 4 considèrent que les responsables politiques ne prennent pas en compte leur avis. Ils considèrent qu’ils parlent trop et n’agissent pas assez. Servant leurs propres intérêts, les responsables politiques sont perçus comme déconnectés de la réalité. C’est pourquoi les Français préfèreraient que ce soit le peuple qui prenne les décisions politiques les plus importantes, plutôt que les élus.

Ils entretiennent désormais un rapport avec la politique qui est principalement négatif : la méfiance et le dégout étant les premiers sentiments cités. Pire, 6 Français sur 10 considèrent que les élus et dirigeants politiques sont corrompus, et de manière générale, qu’ils sont des gens incompétents qui ne connaissent pas leurs dossiers.

 

Lame de fond en approche ?

 

La méfiance observée pose la question de la participation des citoyens à la vie démocratique. Alors que l’abstention augmente à chaque élection, celle des jeunes, majeure, remet en cause le principe même de représentation. 

6 jeune sur 10 n’ont pas prévu de voter à la prochaine élection présidentielle. Pour rappel, aux dernières élections régionales et départementales de juin 2021, les moins de 35 ans étaient 82% à s’être abstenus. Les jeunes ont toujours moins voté que le reste de la population, mais au-delà de cet effet d’âge, il y a un effet de génération. 

Cette génération, qui va former le principal corps électoral dans les prochaines années, ne se retrouve plus dans l’offre politique. Pire, la notion d'idéal ne semble pas guidée cette génération née dans une sémantique de la crise – écologique, économique et sanitaire – qui est plus dans l’action (manifestation, etc). Cela impacte grandement leur culture politique, c’est-à-dire leur manière de s’engager politiquement et donc leur comportement civique, devenu plus libéral et moins collectif que celui de leurs parents. Ils perçoivent le vote comme un droit et non comme un devoir.

Ce manque d’implication dans le processus démocratique commence dès l’inscription sur les listes électorales. Si désormais chaque français qui devient majeur est inscrit automatiquement sur les listes électorales, bien souvent les jeunes résident chez leurs parents à ce moment-là, et au premier déménagement pour poursuivre leurs études par exemple, ils ne font pas la démarche de s’inscrire sur les listes électorales de leur nouveau domicile.

De nombreux maires, en tant qu’élu de proximité, tentent de contrer ce phénomène en faisant de leur commune un lieu de découverte et d’apprentissage démocratique. Ainsi, certains organisent des conseils des jeunes pour initier un rapprochement avec les élus et un exercice de la citoyenneté. D’autres invitent en tant qu’assesseurs dans un bureau de vote de la commune les jeunes inscrits sur les listes électorales pour leur faire « toucher » l’exercice démocratique. A Évreux, des jeunes âgés de 14 à 17 ans participent au programme de réussite éducative porté par l’Agence nationale de cohésion des territoires. Ce parcours citoyen leur permet de comprendre le fonctionnement démocratique d’une collectivité : ils découvrent la mairie, le rôle du maire, participent à des simulations de conseils municipaux pour comprendre les prises de décision. 

sources : https://www.sciencespo.fr/cevipof/sites/sciencespo.fr.cevipof/files/BONNE%20VERSION%20FINALE-1.pdf & https://www.ifop.com/publication/barometre-jeunesse-2022-regard-sur-la-generation-des-18-30-ans-vague-1/