Un rapport entre métropole et ville moyenne tout en nuance

Un exode à relativiser

Alors que des sondages réalisés durant la crise sanitaire indiquaient un véritable engouement des habitants des métropoles pour les villes, une étude de plusieurs indicateurs d’éventuels mouvements de population montre que le phénomène semble limité. Par exemple, l’évolution territoriale des inscriptions scolaires était favorable en faveur des métropoles avant la crise, alors que maintenant ce sont elles qui voient les inscriptions reculer le plus dans le premier degré. Au contraire, les communautés de communes voient les inscriptions en écoles primaires augmenter. Cette mesure est à nuancer, car si des métropoles comme Paris, Nancy et Lyon connaissent des baisses d’inscription, ce n’est pas le cas pour d’autres métropoles de taille identique.

S’il n’y a pas d’exode urbain massif, les chercheurs observent tout de même que des citadins quittent certaines villes pour aller dans des villes moyennes ou dans des zones périurbaines. Ils ont identifié quatre profils de personnes en mobilité : 

- les habituels retraités 

- les nouveaux télétravailleurs, souvent des couples avec enfants en bas âge, 

- des personnes qui changent de vie et s’impliquent dans les territoires. À noter qu’ils courtisent les élus locaux pour les projets de vie qu’ils portent. 

- des personnes vivant en habitats légers de type yourtes.

D’ailleurs, l’arrivée des nouveaux habitants ne se fait pas sans heurt. Tout d’abord, profitant d’un coût du logement plus favorable, les néohabitants créent de la tension sur les marchés immobiliers, faisant monter les prix et rendant difficile l’accès au logement des ménages précaires locaux. De plus, certains apportent dans leurs cartons des problématiques urbaines dans des territoires ruraux qui ne les connaissaient pas, avec un rapport à la nature parfois en décalage. Enfin, l’arrivée de personnes qui investissent dans des résidences, mais sans s’installer crée des déceptions et remet en cause un vivre-ensemble fragile. 

Une répartition des richesses à contextualiser

En dépit de l’importance du vivier d’emplois qu’elles constituent et leur place dans l’économie du pays, les métropoles ont une influence variable sur le développement économique de leurs territoires voisins, notamment en termes de gains d’emplois. 

La répartition de la richesse produite dépend généralement de la taille de la métropole, et donc du nombre de personnes travaillant dans la métropole mais vivant en dehors. Par exemple, 42% de la masse salariale générée dans Toulouse Métropole est versée à des actifs qui résident sur des intercommunalités environnantes. A l’inverse, ce chiffre descend à 32% sur la métropole lilloise, car celle-ci est beaucoup plus vaste.

Au final, dans 12 métropoles sur 23, le revenu médian est plus important dans le département hôte que dans la métropole.

 

Une attractivité à caractériser

Après une période de politique d’aménagement du territoire favorisant le développement des métropoles en rééquilibrage de l’hyperconcentration francilienne, les nouvelles attentes ayant émergé pendant la pandémie avec notamment le développement du télétravail, la recherche de villes « à taille humaine » et la volonté de se rapprocher de la nature conduisent à présenter les villes moyennes comme les nouvelles « villes d’équilibre ». 

Cependant, celles-ci ne font pas preuve de la même dynamique et font face à des enjeux pluriels en matière de :

- Emploi : certaines villes doivent composer avec de forts enjeux sur le marché du travail, hérités en partie de la désindustrialisation, notamment dans le Nord de la France

- Foncier et de logement : certaines villes, notamment balnéaires, combinent un rythme de consommation d’espace élevé et une forte hausse des prix de l’immobilier, ce qui soulève notamment des questions d’accès au logement pour tous, de capacité d’accueil ou de préservation de l’environnement ; 

- Démographique : certaines villes observent un déficit d’arrivées par rapport au nombre de départs 

- Chômage et de pauvreté : des villes connaissant des enjeux sociaux et de fortes inégalités. 

- Vieillissement : la part de retraités dans les villes moyennes (29 %) était supérieure à la moyenne nationale, notamment dans les cités balnéaires, posant le problème de l’aménagement des logements.

Il est intéressant de noter que la diversité des dynamiques observées n’est pas corrélée avec le niveau d’équipements et de services (services publics, commerces, offre de santé, d’éducation ou de transport, offre culturelle). En effet, contrairement à une idée reçue, les villes moyennes avec la plus grande offre d’équipements et de services sont réparties sur l’ensemble du territoire métropolitain. Par exemple : 

- 57 villes moyennes disposent d’une gare de voyageurs d’intérêt national, 39 d’une gare de voyageurs d’intérêt régional et 42 d’un aéroport,

- Seules cinq n’ont pas de tribunal de grande instance (Calais, Cholet, Lannion, Lens-Liévin et Saint-Lô),


- Une seule (Montbéliard) ne dispose pas de services d’urgence sur son territoire, mais se situe à moins de trente minutes de l’hôpital Nord Franche-Comté qu’elle partage avec Belfort. 

 

Au-delà de la répartition des richesses liés aux déplacements pendulaires domicile-travail présenté plus haut, ce rôle de relais dans l’accès aux équipements et aux services du quotidien vient conforter l’importance d’une coopération avec les métropoles. Par exemple, Brest Métropole et le Pays du Centre Ouest Bretagne ont défini un contrat de réciprocité « ville campagne » autour de l’économie et l’insertion, la santé, la culture et les services, et l’énergie et l’environnement, qui doit permettre de pérenniser le cadre d’échange entre les territoires et accompagner les premiers projets opérationnels et ceux en devenir. 

 

 

Source : https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2022-na107-villes-moyennes-janvier.pdf

http://www.urbanisme-puca.gouv.fr/3-02-2022-colloque-de-cloture-les-nouveaux-a2486.html